Patience enragée



De vive voix, Zara Cochard rend témoignage de son apprentissage à vivre avec un handicap parmi "les appelés bien portants". Au fil des pages, puisé au vif de l'âme, elle conjugue intelligence et pragmatisme pour nous livrer avec force et fraîcheur ses démêlés quotidiens dépassés par une volonté de vivre hors du commun. Une vie de tous les jour pas comme tous le monde qu'elle nous partage au plus profond de l'esprit et du corps. Il apparaît clairement que la citoyenneté et la participation sociale ne sont pas de vains mots que l'on peut entériné sous des concepts de performances ou de soi-disant normalité. En parcourant ce premier livre de Zara, il transpire de ce témoignage émouvant que la question du handicap demeure plus que jamais dans notre monde d'aujourd'hui qui se heurte à un égocentrisme exorbitant. Reste encore aux travailleurs sociaux, aux professions qui gravitent autour du handicap ainsi qu'aux classes dirigeantes d'en prendre à nouveau conscience et d'agir en conséquence.

Page après page, un jour à la fois, tout comme la source, une vie monte en résurgence. Une vie qui vient des profondeurs et dans lesquelles un trésor de sensibilité échappe à tout rationalisme. Or, n'est-ce point l'homme dans son entier qui dans la différence est ainsi représenté et qui nous ramène aux choses essentielles comme exister! 

D'inspiration élevée, le livre se termine par les parcours époustouflant d'Anne, Paul et Tanguy, qui dans les mailles d'une société axée sur la performance et l'individualisme poussif nous traduises, chacun à leur manière, une éloge de l'homme debout. Entre combats et réalisme caché, la "différence" criante de vérité,  aussi secrète qu'intime transcende le handicap social de notre vingt et unième siècle et ceux à venir.

Tout au long de cet ouvrage le lecteur pourra se voir transporté vers un message de vie qui nous invite à une oeuvre d'amour qui pourrait se résumer ainsi : nous découvrons le sens de notre vie, seul, dans le sens de la vie des autres.

                                                                                                                     Bocamp

extrait 

Je poussai un soupire de soulagement lorsque finalement notre maîtresse se présenta devant nous. Je remarquai très vite que cette année serait totalement différente de l’année précédente. La prof nous prenait pour ce que nous étions, des enfants, elle en remettait même un peu, s’adressant à nous sur un ton infantile avec sa voix aiguë. J’allais passer deux ans avec elle, la troisième (que je redoublais) et la quatrième primaire.

J’ai rapidement pris mes marques ; mon travail ainsi que mon bien être général s’en sont bientôt ressentis. J’étais nettement plus détendue, plus souriante, beaucoup plus sûre de moi. Mais le passé le passé ne s’oublie pas, ce qui m’avait été infligé l’année précédente m’avait marquée profondément. Dans le premier carnet de l’année, en octobre 1991, la prof écrit : « Très contente de Zara, tant au point de vue du comportement que du travail ! Elle progresse bien en français et en mathématiques. Qu’elle ne craigne pas de demander des explications si nécessaire. »

Malgré ce mieux être évident, je ne me sentais pas tout à fait à l’aise avec elle, un sentiment jusque-là inconnu commençait à s’emparer de moi. Ma maîtresse semblait être bien au clair avec mes difficultés, mon besoin de temps supplémentaire ainsi que d’un climat serein, propice pour accomplir du bon travail. Elle paraissait tellement bien comprendre ce qui m’était nécessaire que cela en devenait gênant. En effet, on aurait cru que ses cours étaient élaborés en fonction de moi, de mes besoins. Et force est de reconnaître que je ne me sentais pas limitée, que mes déficits ne m’empêchaient pas d’avoir accès aux leçons ni à la vie de la classe. Toutefois, je restais perplexe, quelque chose dans sa manière de procéder n’était pas net mais quoi ? 


avril 2010

Je voudrais partager l’émotion que j’ai éprouvée à la lecture du livre de Zara Cochard «Patience enragée: apprendre avec un handicap». Cette jeune femme genevoise, vivant avec de grandes difficultés visuelles et une hémiplégie, nous raconte son parcours scolaire avec justesse, finesse et humour.

Ce témoignage met en lumière les aléas de son chemin unique et singulier, fait d’échecs et de victoires. Mais surtout, et c’est infiniment touchant, elle relate les rencontres faites sur ce parcours de vie. Quelle merveilleuse qualité que de voir en chacun ses capacités, plutôt que ses «défauts», ses possibilités de progrès plutôt que de stigmatiser ses difficultés. Et ce sont ces regards qui donnent à l’Autre, quel qu’il soit, de grandir. Zara Cochard nous restitue la variété de ces regards, sans complaisance et avec humour. Et puis, à la fin de son ouvrage, loin d’être centrée sur sa seule personne, Zara nous offre également trois témoignages de genevois qu’elle a interrogés, chacun avec son parcours.


Anne Perrier
Présidente de l'Association Cérébral Genève



octobre 2010

INTERVIEW RADIO

Je souhaite vous faire partager l'interview que j'ai donné pour une radio parisienne en novembre 2010, la radio "vivre fm" spécialisée sur la vie quotidienne des personnes avec handicap.

http://www.vivrefm.com/podcast/2010-11/NOVEMBRE/301110/INV.mp3



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire